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DATE DE PUBLICATION : 26 AOÛT 2024

En amont d’une réunion de haute importance avec les Nations Unies sur l'antibiorésistance en septembre prochain, l'AMR Industry Alliance a officiellement appelé les Nations Unies et ses États membres à « s'engager à mener une action audacieuse et coordonnée sur l'antibiorésistance et à la faire progresser ». Nous avons interrogé James Anderson, Président du conseil d'administration de l'AMR Industry Alliance, sur l'urgence d'enrayer l'antibiorésistance et sur la manière dont le secteur des sciences de la vie contribue à cet effort.

Qu’est-ce que l’AMR Industry Alliance ?         

En 2016, les Nations Unies ont appelé à une action concertée entre les gouvernements et différents secteurs afin d'aborder de manière globale les implications de l'antibiorésistance et de mettre en place des stratégies nationales. L'AMR Industry Alliance est la réponse du secteur des sciences de la vie. Elle regroupe 90 sociétés pharmaceutiques, génériques, biotechnologiques et de diagnostic, ainsi que des associations commerciales du monde entier qui se sont engagées à prendre des mesures pour réduire l'antibiorésistance.

Le secteur fait beaucoup mais n'est pas toujours reconnu à sa juste valeur. Grâce à l'Alliance, nous pouvons nous faire entendre de manière crédible dans les discussions politiques à travers le monde et tirer parti de la valeur ajoutée du secteur privé. 

Pourquoi la réunion des Nations Unies sur l'antibiorésistance est-elle importante et quels résultats en attendez-vous ? 

L'antibiorésistance touche déjà des millions de personnes dans le monde et la situation ne fera qu'empirer si elle est mal gérée.

Nous espérons que cette réunion aboutira à des résultats concrets. Le premier résultat attendu est simplement un large débat équilibré sur l'importance de la lutte contre l'antibiorésistance, débouchant sur un renforcement des engagements politiques des dirigeants mondiaux en vue de prendre les mesures urgentes qui s'imposent. Dans ce cadre, il sera important de définir des indicateurs de progrès et de mettre au point un mécanisme de responsabilisation de chacun, en espérant un consensus sur la nécessité d'agir.

Autre résultat que nous espérons : la constitution d'un groupe indépendant chargé de produire des preuves et des données pour aller de l'avant, comme dans le cas du changement climatique. Les enjeux de l'antibiorésistance sont très semblables : il s'agit d'une question qui concerne différents ministères d'un gouvernement. Elle est également véritablement mondiale et intersectorielle, et elle est associée à ce que les économistes appellent des « externalités négatives ». Si je prends beaucoup d'antibiotiques, je me porterai probablement bien et ils continueront probablement à être efficaces pour moi ; cependant, cela contribue à l'augmentation de l'antibiorésistance qui finira par toucher d'autres personnes dans le monde. Le groupe d'experts indépendant sur le changement climatique a joué un rôle très important dans le débat sur ce sujet, en apportant une rigoureuse vision scientifique fondée sur des données, ce qui, selon nous, a contribué à faire avancer les choses. Nous souhaitons vivement qu'un modèle comparable soit introduit dans le débat sur l'antibiorésistance.

Nous avons lancé notre appel à l'action en février à New York, afin de communiquer aux missions de l'ONU et aux autres parties concernées les points jugés prioritaires par le secteur privé. Nous nous concentrons sur certains changements concrets de politiques que nous aimerions voir appliquer :

  • Recherche sur les antibiotiques : nous soutenons activement la nécessité de mettre en place des incitations économiques pour remédier aux carences du marché des antibiotiques. Cela permettra de faire face au manque de pistes de recherches de nouveaux antibiotiques et au problème que nous avons récemment mis en évidence dans notre rapport « Leaving the Lab » ; selon cette étude, dans de nombreux cas, les chercheurs qui ont réussi à mettre au point un nouvel antibiotique travaillent pour de petites entreprises de biotechnologie qui font faillite en raison de ventes insuffisantes pour assurer leur survie. Plus de 80 % de ces chercheurs choisissent ensuite de travailler dans d'autres domaines, comme le cancer ou l'immunologie.
  • Bon usage des antibiotiques : nous demandons aux États membres d'utiliser des tests de diagnostic, d'investir dans des infrastructures de laboratoires, de définir des principes directeurs clairs sur les antibiotiques à utiliser et les patients chez lesquels il faut les utiliser, ainsi que de veiller à ce que ces principes directeurs soient effectivement appliqués.
  • Accès équitable : nous recommandons une série de réformes visant à améliorer la collecte des données et la surveillance, afin de mieux saisir l'ampleur du problème et de permettre une meilleure prévision des quantités et des types d'antibiotiques nécessaires dans le monde. Les sociétés cessent de produire certains antibiotiques parce qu'elles ignorent que la demande est suffisante pour justifier la poursuite de la production. Bien entendu, nous devons encore améliorer les canaux d'achat et de distribution des antibiotiques et des diagnostics dans de nombreux pays. Notre plan d'action « Equitable & Responsible Access Roadmap », lancé parallèlement à notre appel à l'action, aborde les obstacles qui limitent l'accès des patients dans le monde et pour lesquels il existe des pistes d'amélioration.
  • Fabrication : nous demandons instamment aux gouvernements et aux principaux acheteurs d'antibiotiques du monde d'adopter le système de certification indépendant que nous avons lancé l'année dernière avec la British Standards Institution, afin de valider la fabrication responsable d'antibiotiques dans la chaîne logistique mondiale.

Comment percevez-vous le rôle des diagnostics dans la lutte contre l'antibiorésistance ? 

Le rôle des diagnostics est essentiel au bon usage des antibiotiques. Avec la COVID-19, de nombreux pays ont investi dans des infrastructures et des capacités de laboratoire à plus grande échelle. Cela n'a malheureusement pas duré. Avec la diminution de la menace représentée par la COVID-19, une grande partie de cette capacité a été rapidement réduite. Les diagnostics devraient être intégrés partout dans la pratique courante. L'enjeu va bien au-delà de la simple antibiorésistance. Pour d'autres pathologies, de nombreux patients (et, dans certains pays, la plupart d'entre eux) ne sont pas diagnostiqués et ignorent parfois même qu'ils sont atteints d'une maladie. Dans le domaine des antibiotiques, en particulier, nous arrivons à un stade où les diagnostics peuvent être effectués rapidement, au chevet du patient, donnant ainsi aux médecins des indications claires sur le type d'antibiotique à administrer. C'est la généralisation de cette capacité qui fera la plus grande différence dans les décisions de prescription et, par conséquent, dans l'évolution de la résistance.

Nous espérons que notre récent rapport sur l'impact des diagnostics dans la lutte contre l'antibiorésistance, qui met en lumière des exemples de réussite dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, contribuera à intégrer les diagnostics dans un plus grand nombre de plans d'action nationaux.


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