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DATE DE PUBLICATION : 20 DECEMBRE 2023

Avec les experts : 

Félix Montero Julian, PhD, Global Scientific Director of Pharma Quality Control chez bioMérieux

Thomas Jones, PhD, ATMP Business Director of Pharma Quality Control chez bioMérieux 

 

Les thérapies cellulaires, géniques et tissulaires, appelées également médicaments de thérapie innovante, offrent des possibilités uniques de lutter contre certaines des maladies les plus problématiques comme le cancer, les maladies auto-immunes, les pathologies cardiaques, etc. Notamment celles pour lesquelles les options thérapeutiques sont limitées et les maladies génétiques comme la mucoviscidose, la thalassémie, l'hémophilie ou la drépanocytose. La thérapie cellulaire consiste à modifier génétiquement des cellules qui peuvent être une version modifiée des cellules du patient (autologues) ou des cellules d'un donneur (allogéniques) et à les introduire dans le corps du patient. La thérapie génique consiste quant à elle à modifier l'ADN des cellules d'un patient pour remplacer, désactiver ou introduire un gène, opération possible à l'intérieur ou à l'extérieur du corps du patient (in vitro).

Dans un épisode du podcast de l'European Pharmaceutical Review (EPR), Félix Montero Julian, PhD, Global Scientific Director of Pharma Quality Control, et Thomas Jones, PhD, ATMP Business Director of Pharma Quality Control, experts de bioMérieux, abordent l'évolution du domaine des thérapies cellulaires et géniques et expliquent comment les méthodes d'analyse rapides et les solutions de tests de qualité peuvent jouer un rôle essentiel pour garantir le développement de produits sûrs et efficaces. 
 


 

Des progrès récents dans les thérapies cellulaires et géniques

Le domaine des thérapies cellulaires et géniques est en constante évolution, avec le développement de nouvelles thérapies et technologies et le perfectionnement des thérapies et technologies existantes. En 2022, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a approuvé le lisocabtagène, le maraleucel et l'axicabtagène ciloleucel pour le traitement de deuxième intention des patients adultes atteints d'un lymphome à grandes cellules B. Mais aussi le ciltacabtagene autoleucel (Carvykti) pour le myélome multiple récidivant ou réfractaire et l'extension de l'usage du tisagenlecleucel pour le lymphome folliculaire réfractaire. D'autres études sont en cours pour une utilisation en première intention qui, selon Thomas Jones, PhD, pourrait conduire à une augmentation rapide du nombre de patients susceptibles de bénéficier de ces thérapies.

Thomas Jones explique que de nombreux professionnels du contrôle qualité pharmaceutique ont anticipé l'usage en première intention des thérapies cellulaires et géniques au fur et à mesure de l'évolution dans ce domaine. En effet, de nouvelles données publiées montrent que les patients atteints de lupus peuvent bénéficier de la thérapie cellulaire CAR-T.

L'approbation de l'axicabtagene ciloleucel pour un usage en deuxième intention dans le lymphome à grandes cellules B a permis d'étayer l'utilisation et l'efficacité des traitements cellulaires, en révolutionnant leur utilisation et en prouvant que les traitements cellulaires ne sont plus considérés comme des options thérapeutiques de dernier recours. « L'efficacité de ces traitements et la reconnaissance de cette efficacité par l'organisme de réglementation sont de bon augure pour l'avenir » déclare Thomas Jones.

« L'Alliance for Regenerative Medicine prévoit des décisions réglementaires pour 17 nouveaux produits de thérapie cellulaire et génique d'ici fin 2023 : on voit le potentiel d'augmentation du nombre de patients susceptibles de bénéficier de ces thérapies » ajoute-t-il.

 

Le rôle des tests de contrôle qualité dans la fabrication des thérapies cellulaires et géniques

Malgré ces avancées prometteuses, la fabrication de produits de thérapie cellulaire et génique doit encore surmonter de nombreux obstacles comme la disponibilité de technologies analytiques adaptées, le coût élevé des produits, les contraintes réglementaires et les problèmes liés à la capacité de fabrication et aux délais de livraison. Les tests de contrôle qualité que les sociétés doivent effectuer pour garantir l'innocuité et l'efficacité de leurs produits pour les patients en constituent un élément essentiel : bien qu'ils soient d'une importance capitale, ces tests prennent beaucoup de temps et posent des problèmes techniques.

Félix Montero Julian, PhD, explique que le passage à une fabrication décentralisée et l'intégration des processus de fabrication peuvent contribuer à rationaliser la production et à réduire les délais. « Actuellement, la fabrication de produits autologues prend environ trois à quatre semaines, entre le moment où les cellules du patient sont prélevées (leucaphérèse) et le moment où le produit CAR-T est administré au patient par perfusion. Les sociétés essaient de réduire ces délais, en passant de trois semaines à une semaine, voire à quelques jours » précise-t-il. Ce point est particulièrement important car les thérapies CAR-T (chimeric antigen receptor T cell) autologues sont utilisées dans le traitement des cancers hématologiques ; les patients sont donc souvent à un stade avancé de la maladie et ces thérapies représentent la dernière chance de traitement lorsque tous les traitements standard actuels ont déjà été utilisés.

Les produits de thérapie cellulaire doivent faire l'objet d'une gamme complète de tests de sécurité, d'environnement et d'attributs de qualité cellulaire. Les tests de sécurité comprennent des tests de stérilité, de mycoplasmes et d'endotoxines pour garantir l'absence de contamination d'un produit. Les tests d'attributs de qualité cellulaire, dont les tests d'identité, de viabilité et d'activité, sont également essentiels pour garantir que les patients reçoivent le bon produit, à la bonne dose et de la bonne manière.

Cependant, « beaucoup de solutions existantes ont été développées pour des applications moins dépendantes du temps et ne répondent pas aux besoins des fabricants de thérapies cellulaires et géniques » explique Thomas Jones. De nouvelles solutions de test adaptées peuvent contribuer à rationaliser le processus tout en respectant les exigences réglementaires et en répondant aux besoins des patients.

Les effectifs sont un autre élément susceptible de limiter la production de thérapies cellulaires et géniques. Selon Thomas Jones, le domaine des thérapies cellulaires et géniques connaît un développement rapide et il règne déjà une concurrence féroce pour attirer les spécialistes du contrôle qualité. De nombreuses sociétés ont été confrontées à un fort taux de rotation des effectifs et à un manque de personnel qualifié pour effectuer les tests complexes nécessaires pour garantir une production sûre et efficace des produits de thérapie cellulaire et génique .

Pour remédier à la rotation des effectifs et au besoin de professionnels du contrôle qualité qualifiés, Thomas Jones suggère de simplifier l'utilisation des tests de contrôle qualité afin d'atténuer certains problèmes d'effectifs. « En outre, la réduction de la complexité diminue le risque d'erreurs, ce qui permet d'obtenir un processus de contrôle qualité plus homogène » ajoute-t-il.

Enfin, il est important de noter que les contrôles d'environnement peuvent également être exposés à des contraintes identiques et doivent être pris en compte. Comme le décrit Félix Montero Julian, tous ces produits sont fabriqués dans le respect des BPF (bonnes pratiques de fabrication), chaque patient constituant un lot, ce qui augmente encore le nombre de contrôles d'environnement nécessaires. « Il est donc très important de disposer de solutions intégrées automatisées pour gérer la lecture des boîtes de Petri et les données obtenues. Les fabricants de thérapies passent de centaines de patients à des milliers : la recherche de meilleures méthodes de contrôle de l'environnement est donc essentielle dans ce cas. »

 

L'avenir des thérapies cellulaires et géniques passe par l'éducation et la recherche pour surmonter les obstacles

L'évolution continue des thérapies cellulaires et géniques pourrait révolutionner le traitement des patients pour lesquels les options sont limitées en raison de maladies très difficiles ou presque impossibles à traiter. Toutefois, il est important de noter que cette approche thérapeutique nécessite de poursuivre la recherche et l'éducation afin de surmonter les difficultés de mise en œuvre et d'assurer le développement de produits sûrs et efficaces pour les patients.

« C'est l'avenir de la médecine... il reste encore beaucoup à faire pour comprendre le mécanisme de ces produits » déclare Félix Montero Julian. « Restez à l'écoute : je pense que le marché, la technologie, la science évoluent plus rapidement et nous connaîtrons des moments extraordinaires dans ce domaine particulier. »

 

 

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