Méthode recombinante rFC pour les tests d’endotoxines : vers un développement durable et une chaîne d'approvisionnement pérenne
Par la rédaction de bioMérieux | Temps de lecture : 3 min
DATE DE PUBLICATION :26 JUILLET 2024
Le 26 juillet 2024, le comité d'experts en microbiologie de la Pharmacopée Américaine (United States Pharmacopeia) a voté l'adoption de son nouveau chapitre <86>, qui approuve l'utilisation de réactifs d'origine non animale pour les tests d'endotoxine. Le chapitre <86> ouvre la voie à des méthodes alternatives pour la détection d'endotoxines bactériennes, utilisant des réactifs d'origine non animale. Il indique également aux fabricants de produits pharmaceutiques comment les incorporer dans leurs tests de Contrôle Qualité, conformément à l'engagement de l'USP d'étendre l'utilisation de méthodes et de matériaux d’origine non animale.
L'importance des limules pour les tests d'endotoxines
En effet, le LAL est un réactif précieux qui a la propriété de coaguler en présence des endotoxines. Les endotoxines sont des contaminants issus des bactéries à Gram négatif potentiellement dangereuses si elles pénètrent dans la circulation sanguine d'une personne, où elles provoquent de la fièvre et peuvent entraîner un choc septique ou une septicémie. Les endotoxines sont dangereuses dans la circulation sanguine : même en faible quantité, la présence d'endotoxine dans un produit pharmaceutique comme un vaccin peut entraîner des complications majeures pour la santé. Depuis plus de 30 ans, le LAL est utilisé pour tester la sécurité des vaccins, des médicaments injectables et des dispositifs médicaux.
Les limules sont des arthropodes de la famille des Limulidés vivants dans l'eau de mer ou saumâtre .
Enjeux environnementaux et développement durable
La dépendance exclusive au sang de limule pour les industriels du monde entier pose des risques majeurs pour la pérennité de la chaine d’approvisionnement. Les contrôles qualités de détection des endotoxines dépendent essentiellement de l'existence d'un seul animal dont l’écosystème est mis à mal.
La limule est classée comme espèce « en voie de disparition » en Asie et « vulnérable » aux États-Unis, juste un cran en dessous d'espèce « en voie de disparition ». Par exemple, certaines espèces asiatiques comme le Tachypleus tridentatus ont complètement disparues de certaines régions du fait de l’impact de l’activité humaine sur leur habitat.
Aux États-Unis c’est la surexploitation des crabes comme appâts de pêche, qui a provoqué le déclin de l'espèce au cours des dernières décennies.
Comme pour toute ressource naturelle, les impacts environnementaux et biologiques sont potentiellement bien plus vastes. C’est tout l’écosystème autour des limules qui est touché, de nombreuses espèces dépendent des œufs de limules, en particulier les oiseaux du littoral, pour lesquels c’est une source de nourriture vitale, ce qui pourrait être à l’origine de perturbations écologiques importantes.
Risques liés à la chaîne d'approvisionnement
Outre les considérations environnementales, le recours exclusif au sang de limule reste une stratégie potentiellement risquée du point de vue de l'offre et de la demande. La pandémie de COVID-19 a fourni un exemple malheureux de la fragilité de la chaîne d'approvisionnement en produits médicaux vitaux. Les urgences en matière de santé publique, telles que les pandémies et les épidémies, les relations politiques avec d'autres pays et les événements climatiques, tels que les ouragans et le réchauffement climatique, sont tous susceptibles de créer des chocs soudains et potentiellement catastrophiques pour l'approvisionnement en LAL. Ces risques doivent être contrôlés pour répondre à la demande du marché en LAL et garantir la sécurité des produits.
En outre, de nombreux facteurs externes pourraient augmenter de manière inattendue la demande de LAL. La pandémie a montré les effets qu'une crise sanitaire mondiale peut avoir sur la demande en fournitures de dispositifs médicaux, notamment en termes de transport et de disponibilité des matières premières, de difficultés d'importation et d'exportation des produits bruts et finis, et même stockage au niveau national. Ces problèmes peuvent avoir un impact sur n'importe quel matériel médical mais sont plus difficiles à gérer lorsqu'il s'agit de dépendre d'une seule matière première comme le LAL, qui est nécessaire pour tester les candidats vaccins innovants pour les contaminants endotoxines.
Alternatives et opportunités pour les tests d'endotoxines
Même si le sang de limule est la seule source connue de matière première pour le LAL, une autre méthode de test des endotoxines existe. Depuis plus de 20 ans, le rFC s’est avéré être une méthode fiable et durable pcntrour les tests d’endotoxines.
Le clonage et l'insertion du gène du biocapteur d'endotoxines naturelles (facteur C) du génome de la limule dans des cellules uniques pour la production en masse de cultures cellulaires ont permis la production de plusieurs tests de facteur C recombinant (rFC) de qualité commerciale. Les avantages du rFC incluent une production plus stable et moins variable, ainsi qu'une réduction significative des impacts environnementaux.
Réglementation et acceptation industrielle
Le paysage réglementaire autour de la détection des endotoxines est en pleine évolution. L’adoption du chapitre <86> de la Pharmacopée Américaine (USP) en est le parfait exemple. Ce chapitre représente une avancée significative de la reconnaissance des méthodes durables. A l’instar du LAL qui avait en son temps remplacé le test sur lapins pour des raisons d’éthiques et de précision du test, le rFC est en train de devenir la nouvelle norme pour les tests de détection des endotoxines. Après 20 ans d’expériences, de données scientifiques solides accumulées en termes de spécificité, performance, propriété et facilité d’utilisation, le rFC se démarque des autres méthodes recombinantes comme méthode de choix.
De plus, la Pharmacopée Européenne mentionne le rFC depuis 2020 dans le chapitre 2.6.32 en tant que méthode compendiale, renforçant sa légitimité et son acceptation mondiale.
La transition du LAL au rFC offre donc des avantages significatifs, incluant une spécificité accrue, de meilleures performances de tests, moins d’interférences et une plus grande reproductibilité des résultats.
Les fondements d’une stratégie de contrôles qualité robuste et notamment pour la détection des endotoxines doivent de nos jours également inclure des considérations environnementales, de développement durable et de pérennité des chaines d’approvisionnements non négligeable.
Avec ses 20 ans de succès éprouvés, le rFC représente la solution de confiance, soutenue par une adoption réglementaire croissante.
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