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DATE DE PUBLICATION : 16 JUILLET 2024

Quand une leucémie a été diagnostiquée chez sa fille, Menia ne savait pas qu'elle devrait également se préoccuper de l'antibiorésistance. Voici son histoire.

Menia Koukougianni a deux enfants. Le diagnostic de leucémie chez sa fille a bien entendu été une terrible nouvelle pour toute la famille. Elle a commencé son traitement à l'hôpital d'oncologie pédiatrique le plus proche du domicile familial, en Grèce. Après un mois et demi, une infection nosocomiale due à une bactérie Pseudomonas aeruginosa multirésistante a été diagnostiquée chez sa fille. Les médecins ont interrompu son traitement anticancéreux et ont commencé une antibiothérapie pour combattre l'infection.

Pour Menia, cette décision était difficile à comprendre. Elle savait que les enfants pouvaient facilement contracter des infections à l'école ou en société mais n'avait jamais imaginé que les hôpitaux pouvaient aussi être des endroits dangereux. Lorsqu'elle a appris que sa fille avait contracté une infection pendant son hospitalisation et que cela impliquait de repousser le traitement anticancéreux, elle a été profondément bouleversée et a subi un stress considérable.

La fillette a reçu plusieurs séries d'antibiotiques qui ont toutes échoué. Quand les médecins ont commencé à parler d'antibiorésistance, Menia a de nouveau été prise au dépourvu. Elle ignorait tout de l'antibiorésistance et ne savait pas où trouver des informations à ce sujet. Ce n'est qu'après deux mois que l'infection a été vaincue et que le traitement anticancéreux a pu reprendre.

Heureusement, la fille de Menia a survécu à son cancer infantile et après deux ans de traitement, elle allait bien. Cependant, ses parents s'inquiétaient toujours des éventuels effets secondaires à long terme des différents antibiotiques qui lui avaient été administrés.

Menia Koukougianni

Cet événement a montré à Menia qu'elle en savait très peu sur les infections, les options thérapeutiques et l'antibiorésistance et que l'obtention d'informations quand elle en avait besoin aurait été utile. Elle a estimé qu'il était de son devoir d'aider d'autres familles dans la même situation à « combler les lacunes » et à trouver du soutien. Elle a également pris conscience que trop d'enfants sous traitement anticancéreux souffraient d'infections, en particulier dans les hôpitaux grecs, et qu'il fallait faire quelque chose.

« Les enfants atteints de cancer ne meurent pas du cancer mais d'infections que les antibiotiques ne peuvent pas traiter. C'est inacceptable », explique Menia.

L'antibiorésistance est une menace grave pour la santé des patients dans le monde. On estime que l'antibiorésistance bactérienne est responsable d'au moins 4,95 millions de décès chaque année. Les principaux pathogènes associés à ce chiffre sont Escherichia coli, Staphylococcus aureus, Klebsiella pneumoniae, Streptococcus pneumoniae, Acinetobacter baumannii et Pseudomonas aeruginosa. Au fur et à mesure que l'efficacité des antibiotiques existants diminuera, les maladies nosocomiales deviendront plus difficiles à traiter, ce qui exposera les patients comme la fille de Menia à un risque plus élevé.

Son expérience personnelle a incité Menia Koukougianni à cofonder l'ONG Karkinaki, Awareness for Childhood and Adolescent Cancer (sensibilisation au cancer des enfants et des adolescents). Un des objectifs de l'ONG est la prévention des infections qui mettent en danger la vie des enfants hospitalisés pour un traitement anticancéreux et la lutte contre ces infections. Elle est membre de Health First Europe’s AMR Patient Group.

La mise en œuvre d'une bonne hygiène des mains dans les hôpitaux pour lutter contre les infections est un des domaines d'action de Karkinaki. La promotion du bon usage des antibiotiques, en mettant l'accent sur le rôle capital des diagnostics, en est un autre.

Aujourd'hui active dans la défense des patients contre l'antibiorésistance, Menia est convaincue que les diagnostics ont des répercussions sur la lutte contre l'antibiorésistance et font une différence dans la vie des patients et des familles comme la sienne. Les sociétés spécialisées dans le diagnostic in vitro, les associations de patients et les autres parties prenantes doivent travailler ensemble pour sensibiliser à l'antibiorésistance et améliorer la santé publique.


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