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DATE DE PUBLICATION : 22 MAI 2024

Les laboratoires cliniques sont souvent confrontés au défi d'être meilleurs, plus rapides et plus productifs, avec parfois la contrainte d'y parvenir avec moins de ressources et en faisant face à des problèmes logistiques. Les soins axés sur la valeur demeurent un objectif essentiel du domaine de la santé. L'optimisation de l'utilisation des tests de diagnostic est donc plus importante que jamais. 

L'optimisation de l'utilisation comprend des réflexions sur la surutilisation, la sous-utilisation et l'utilisation inadaptée. Les établissements de santé doivent réfléchir aux modifications à apporter aux systèmes, aux processus et aux comportements afin de garantir que chaque test de laboratoire ne soit utilisé que lorsque cela est nécessaire.

Selon Kyle Hueth, Sr. Manager, Global Medical Affairs Scientist de bioMérieux, « Le choix du bon test est la première étape de la bonne gestion des diagnostics. Ce point capital du parcours de soins du patient pourrait entraîner des avantages considérables allant au-delà d'un résultat unique pour le patient. »

 

La valeur du diagnostic dans la prise en charge des patients

Des enquêtes effectuées récemment auprès de cliniciens spécialisés aux États-Unis et en Allemagne confirment que près des trois quarts des décisions cliniques s'appuient sur des tests de laboratoire (60 à 70 %).1 Cependant, le soutien continu à la médecine de laboratoire, notamment par le biais d’un financement correct, est généralement davantage conditionné par le coût des tests, alors même que c'est l'effet sur les résultats positifs pour les patients qui devrait primer.

Les tests de diagnostic sont utilisés sur l'ensemble du parcours de soins du patient dans trois domaines essentiels :

  1. Évaluer le risque de maladie. Un patient se présente dans un établissement de santé avec des symptômes de maladie infectieuse, les solutions de diagnostic peuvent fournir des résultats rapides et exploitables qui permettent de commencer le bon traitement.
  2. Identifier la cause d'une infection. Les diagnostics et les technologies compatibles reposant sur les données permettent de réaliser une identification et d'évaluer la sensibilité avec précision afin d'optimiser le traitement ciblé des patients.
  3. Orienter/surveiller les possibilités de traitement. Les solutions de diagnostic rapide peuvent faciliter le démarrage d'un traitement adapté et/ou l'arrêt en toute sécurité des antibiotiques, lorsque cela est possible, afin de prévenir les effets secondaires potentiels et le développement d'organismes résistants. 

 

Bonne gestion des diagnostics : quand avez-vous vraiment besoin de test(s) ?

Les dépenses de santé font l'objet d'un examen minutieux et une surutilisation ou une mauvaise utilisation des tests de diagnostic peut compromettre l'efficacité de l'emploi des fonds affectés aux soins de santé. Pour les États-Unis, on estime que 6,8 milliards de dollars sont dépensés en procédures et tests inutiles qui ne contribuent pas à l'amélioration des soins et peuvent même porter préjudice aux patients. Une bonne gestion des diagnostics est essentielle pour résoudre ce problème, d'autant plus que la médecine de laboratoire devient de plus en plus complexe. En effet, le nombre de tests de laboratoire à la disposition des cliniciens a plus que doublé au cours des 20 dernières années. 2

Bien que l'accès à des tests diagnostiques de qualité et leur utilisation diffèrent d'un pays à l'autre et que la surutilisation puisse se restreindre à certains praticiens, une approche universelle de la bonne gestion des diagnostics, comprenant une collaboration allant du laboratoire aux soins primaires, est indispensable.

“Si nous voulons avoir une influence mesurable sur les résultats des patients associés à l'utilisation des tests et des données de diagnostic, il est impératif d'adopter des systèmes et des pratiques qui optimisent l'utilisation de ces diagnostics, afin de garantir l'application des bonnes méthodologies de test dans les populations pour lesquelles l'efficacité a été démontrée et où les résultats sont disponibles dans un délai permettant d'influer sur la prise de décision clinique.”

Kyle Hueth, Sr. Manager, Global Medical Affairs Scientist, bioMérieux

Bien qu'il incombe souvent aux cliniciens de définir les tests nécessaires, les patients pourraient bénéficier d'une meilleure compréhension de l'atout que constituent les tests individuels pour leur propre parcours de soins afin d'aider à la prise de décision partagée.

Des discussions pourraient porter sur les sujets suivants :  

  • Quel effet le(s) test(s) pourrai(en)t-il(s) avoir sur les décisions ou les résultats ? 
  • Le test fournirait-il des informations supplémentaires qui ne sont pas déjà disponibles à partir des antécédents médicaux du patient, d'un examen clinique ou d'autres options de tests facilement accessibles ?  
  • La rapidité d'obtention des résultats permettra-t-elle d'exercer une influence au bon moment ? 

Remarque importante : la sous-utilisation des tests disponibles est également critique dans la bonne gestion des diagnostics. Un nombre insuffisant de tests pour détecter les pathologies et les pathogènes potentiels constitue un risque en limitant le diagnostic définitif, ce qui pourrait avoir une incidence sur la prise en charge des patients et sur les coûts médicaux.   

Le laboratoire peut apporter une valeur ajoutée à la prise de décision en utilisant ses compétences et ses connaissances. Il peut s'agir d'orienter le choix des tests, de conseiller de ne pas commander un test donné et/ou de recommander une autre solution sur la base de facteurs comme la précision, la rapidité ou les performances éprouvées du test. Cette intervention du laboratoire peut prendre la forme de discussions avec les prestataires de soins ou, dans l'idéal, de conseils intégrés dans les systèmes électroniques et les parcours de soins afin de viser des pratiques d'utilisation systématiques. Ainsi, l'équipe de laboratoire peut contribuer à limiter la charge causée par l'utilisation inadaptée des tests diagnostiques. 

 

La bonne gestion des diagnostics et le bon usage des antibiotiques sont complémentaires 

L'antibiorésistance, comme l'explique l'Organisation Mondiale de la Santé, est un processus naturel par lequel les bactéries, les virus, les champignons et les parasites peuvent subir des modifications génétiques et ne plus réagir aux antibiotiques disponibles. Cependant, l'usage abusif et la surconsommation d'antibiotiques dans le traitement, la prévention et la lutte contre les maladies infectieuses a accéléré le problème.4

La mise en œuvre efficace des pratiques de bonne gestion des diagnostics permet de garantir le bon test pour le bon patient au bon moment et, lorsqu'elle est associée au bon usage des antibiotiques, aboutit à la bonne interprétation pour choisir le bon antibiotique au bon moment. 3   Kyle Hueth conclut : « Cette méthodologie pour la prise en charge des patients va au-delà de l'individu car la compréhension collective que nous acquérons grâce à un diagnostic précis et un traitement adapté des individus au sein d'une population apporte des enseignements essentiels sur les profils et les tendances de la résistance à l'échelle locale et mondiale. »

 

 

  1. Sikaris KA. Enhancing the Clinical Value of Medical Laboratory Testing. Clin Biochem Rev. 2017 ;38(3) :107-114.
  2. Freedman DB. Towards Better Test Utilization - Strategies to Improve Physician Ordering and Their Impact on Patient Outcomes. EJIFCC. 2015 ;26(1) :15-30. Publié le 27 janvier 2015.
  3. Hueth KD, Prinzi AM, Timbrook TT. Diagnostic Stewardship as a Team Sport: Interdisciplinary Perspectives on Improved Implementation of Interventions and Effect Measurement. Antibiotics. 2022 ; 11(2) :250. Disponible sur : https://doi.org/10.3390/antibiotics11020250. Consulté le 11 janvier 2024.
  4. Organisation Mondiale de la Santé. Antibiorésistance. Disponible sur : https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/antimicrobial-resistance. Publié le 21 novembre 2023. Consulté le 11 janvier 2024.

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