Améliorer le bon usage des antibiotiques grâce aux antibiogrammes
Par la rédaction de bioMérieux | Temps de lecture : 2 min
DATE DE PUBLICATION : 5 JUIN 2024
L'antibiorésistance représente une menace mondiale pour la santé publique, les décès imputés aux infections résistantes étant estimés à plus de dix millions par an d'ici 2050.1 L'évolution rapide de la résistance nécessite une identification précoce des patients à risque, suivie de l'administration d'une antibiothérapie empirique adaptée. La collaboration entre les équipes chargées du bon usage des antibiotiques et le laboratoire de microbiologie peut jouer un rôle essentiel dans la mise en œuvre d'antibiogrammes modernes qui aident le clinicien à choisir plus rapidement l'antibiothérapie optimale.
Un outil pour inverser la tendance
Le choix rapide d’antibiothérapie empirique a été influencé par la progression de l'antibiorésistance et l'évolution des attentes concernant l'application des principes de bon usage des antibiotiques.
Le bon usage des antibiotiques est une approche collaborative pluridimensionnelle qui implique un large éventail de professionnels de la santé afin d'améliorer le traitement et la sécurité des patients en garantissant que le bon médicament soit administré au bon patient, au bon moment et sur la bonne durée. Les tests de sensibilité aux antibiotiques et les technologies de l'information compatibles constituent des outils importants pour assurer le bon usage des antibiotiques, en particulier lorsqu'un patient arrive à l'hôpital pour la première fois en présentant des symptômes. Selon Andrea Prinzi, Clinical Microbiologist and Field Medical Director de bioMérieux : « les données des tests de sensibilité aident à comprendre comment traiter un patient et comment doser les antibiotiques ou les antiviraux. Ces données peuvent ensuite être intégrées dans un antibiogramme qui bénéficiera aux futurs patients. »
Les antibiogrammes regroupent les profils de sensibilité des organismes aux antibiotiques au fil du temps ; ils sont souvent préconisés dans les principes directeurs de bon usage des antibiotiques comme outil facilitant la prise de décisions empiriques par les cliniciens. Les données microbiologiques d'un antibiogramme local pourraient aider un clinicien à mettre en place un plan de traitement sur la base des symptômes d'un patient, avant même l'obtention des résultats de culture. Par ailleurs, grâce aux progrès importants des données et des analyses de laboratoire, les activités de compilation et de compte rendu ont évolué en comptes rendus quasi instantanés. « Il y a environ 13 ans, lorsque je travaillais au laboratoire pour contribuer à l'élaboration de l'antibiogramme, je le faisais manuellement et je préparais des tableaux parce que c'était notre façon de procéder. Il est très utile de disposer désormais d'options pour compiler ces données en temps réel, avec des processus rationalisés et des plateformes moins susceptibles de comporter des erreurs », rappelle Andrea Prinzi.
Utilisation optimale des antibiogrammes
Les antibiogrammes créés et utilisés pour un seul hôpital ou une seule clinique, un ensemble d'hôpitaux ou de cliniques ou un système de production sont préférables, étant donné que la population de patients partage davantage de points communs avec les données historiques de référence. Andrea Prinzi précise : « Lorsqu'un nouveau patient arrive à l'hôpital, les professionnels de santé ont en général déjà connaissance des pathogènes présents dans leur communauté et de ce qui touche habituellement leur population de patients, ce qui les aide à orienter la prise en charge d'un patient avant de disposer de plus d'informations ».
Les institutions et les établissements ont également la possibilité de créer des antibiogrammes abrégés, en plus des antibiogrammes cumulés standard destinés aux utilisateurs de première ligne. Par exemple, un antibiogramme abrégé pourrait comporter une liste des organismes détectés le plus fréquemment dans les infections types d'un établissement donné, ainsi que les antibiotiques couramment utilisés pour les traiter.
L'intégration de ce type de données d'antibiogramme dans les parcours de soins institutionnels vise à améliorer la prise en charge des patients et leurs résultats. Il convient donc de prendre des mesures pour protéger la précision, la fiabilité et la validité statistique de cet outil moderne d'aide à la décision. Un des chefs de file dans ce domaine est le Clinical Lab Standards Institute (CLSI) qui a modifié activement son principe directeur M39— Analysis and Presentation of Cumulative AST Data (Analyse et présentation des données cumulées des antibiogrammes) depuis 2000. Grâce à un suivi attentif des tendances qui influent sur la préparation et l'utilisation des antibiogrammes, la 5è édition publiée en 2022 comprend des mises à jour progressives dans des domaines comme :
· La combinaison des résultats des diagnostics rapides et des marqueurs de résistance avec l'antibiogramme.
· L’utilisation des antibiogrammes dans les programmes de bon usage des antibiotiques.
· La définition des seuils d'antibiogramme liés aux décisions thérapeutiques empiriques.2
Il est impératif que les initiatives de bon usage des antibiotiques, facilitées par un programme structuré ou par un autre moyen, renforcent la collaboration entre les cliniciens et le laboratoire de microbiologie afin de garantir la diffusion, la formation et l'utilisation correctes des antibiogrammes. Lorsqu'ils sont soigneusement répertoriés, mis à jour et correctement utilisés, les antibiogrammes peuvent étayer les bonnes décisions thérapeutiques, décrire les sensibilités locales et aider à surveiller les tendances en matière de résistance.
- O’Neill, J. The Review on Antimicrobial Resistance. Tackling drug-resistant infections globally: Final report and recommendations. Mai 2016. Disponible à l'adresse : https://amr-review.org/sites/default/files/160518_Final paper_with cover.pdf. Consulté le 5 janvier 2024.
- Clinical and Laboratory Standards Institute. 2022. Analysis and Presentation of cumulative antimicrobial susceptibility test data, 5th ed. Approved guideline. Clinical and Laboratory Standards Institute, Wayne, PA.
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